Denis Corminboeuf
© Photo Emilien Itim
Photographe indépendant, nationalité suisse. Vit actuellement à Fribourg (Suisse).
Formation socio-pédagogique à Lausanne, rejoint le Théâtre populaire romand à La Chaux-de-Fonds, puis devient directeur du cinéma-Théâtre abc, phare culturel de la métropole des montagnes neuchâteloises.
Part ensuite à Genève suivre une formation artistique à l’Ecole supérieure d’arts visuels, poursuit une activité de cameraman et réalisateur indépendant de films documentaires (en Afrique notamment), durant près de vingt ans.
A été collaborateur du festival de cinéma de Locarno et enseignant audiovisuel à l’Ecole d’art de Lausanne, du Valais, puis de La Chaux-de-Fonds.
Nouvelle formation en muséographie (ICOM) en 2010 et réorientation professionnelle dans la numérisation et la sauvegarde informatique de la photographie.
Depuis 2010, la photographie est devenue mon activité artistique prioritaire, avec des expositions personnelles régulières et des acquisitions dans les collections publiques, lausannoises notamment.
Avenches
ENFANCE
Avenches, petite cité vaudoise à la limite linguistique du pays romand, fut autrefois sous le nom d’Aventicum la capitale de l’Empire romain en Helvétie.
J’ai grandi dans un environnement de ruines et de vestiges d’une civilisation éteinte depuis 2000 ans. Souterrains, murailles, amphithéâtre, colonnes, amphores, bustes et mosaïques constituaient le terrain de jeu de mon enfance. Ces lieux ont exercé sur moi une grande fascination.
PHOTOGRAPHIE
C’est vers l’âge de 18 ans que je commence à faire de la photographie (argentique à l’époque), en installant un laboratoire de développement noir-blanc au sous-sol de la maison familiale. Naturellement, mes premiers sujets photographiés furent les ruines romaines.
MEMOIRE
En 2015, la Commune d’Avenches fête les 2000 ans de la création d’Aventicum. Je viens d’avoir 60 ans et souhaite à participer à l’événement. En collaboration avec l’archiviste local, un photographe et deux passionnés d’histoire, je propose une exposition photographique en plein air et dans tous les lieux publics locaux à partir de cartes postales anciennes de la ville, avec en contrepoint des images actuelles prises dans le même lieu et selon le même point de vue (voir Presse/Publication).
Le succès populaire de cette exposition débouche sur une publication en 2016 aux éditions La Sarine, à Fribourg (voir Presse/Publications).
Lausanne
DOUBLE VIE
Je quitte Avenches à l’âge de 16 ans pour la capitale vaudoise. Après le gymnase, je m’engage comme aide-infirmier dans les hôpitaux psychiatriques neuchâtelois puis de l’ouest vaudois. Par la suite, j’entame des études socio-pédagogiques (EESP) à Lausanne, avec l’obtention d’un diplôme d’animateur socio-culturel qui me conduit à La Chaux-de-Fonds, dans le milieu théâtral, que je quitte finalement pour suivre une formation artistique à Genève.
Ma seconde vie lausannoise vient après la naissance de mon fils, à 36 ans. Durant ces années, je commence à faire des films documentaires centrés sur la ville de Lausanne. Lorsque j’abandonne définitivement le cinéma pour la photographie, je réalise une vaste mémoire photographique de ma ville d’adoption, en traquant l’environnement urbain lausannois dans tous ses recoins, exploration qui débouche sur ma première exposition personnelle véritable (Double vue). Cette démarche documentaire influence le choix d’une nouvelle orientation professionnelle de documentaliste-archiviste, au Jardin botanique cantonal de Lausanne tout d’abord, qui va donner lieu aux deux expositions suivantes (Hortus curiosus). Je consacre ensuite mon activité professionnelle à la sauvegarde des archives photographiques du service d’urbanisme de la Ville de Lausanne jusqu’en 2018 (Voir Presse).
Durant ces années, ma vie professionnelle est très étroitement mêlée à mon activité artistique personnelle, centrée tout particulièrement sur la mémoire des lieux condamnés à la disparition (voir Expositions)
La Chaux-de-Fonds
UN NOUVEAU MONDE
Lorsque j’arrive à La Chaux-de-fonds, la ville en pleine crise horlogère a perdu le tiers de sa population. Je suis quasiment le seul nouvel habitant pour rejoindre la troupe du Théâtre populaire romand (TPR). Je prends ensuite la direction du cinéma-théâtre abc, haut lieu de la vie culturelle de la métropole des montagnes (La Chaux-de-Fonds se situe à une altitude de 1000 mètres environ).
La découverte du domaine théâtral, puis cinématographique surtout, la fréquentation du Festival international de films de Locarno pour y acheter des films, toute cette effervescence créatrice me pousse à entreprendre une formation artistique à Genève pour réaliser mes propres films.
Je reviens une vingtaine d’années plus tard à La Chaux de Fonds, cette fois-ci en tant qu’enseignant audiovisuel à l’Ecole d’art. Retrouvailles avec une ville métamorphosée, au dynamisme culturel bien affirmé.
Genève
L’ENVOL ARTISTIQUE
C’est à 25 ans que commence pour moi une nouvelle vie avec la fréquentation de l’Ecole supérieure d’arts visuels (ESAV, aujourd’hui HEAD). Je m’inscris dans la section Média-mixtes, dirigée par Sylvie et Cherif Defraoui, axée sur l’art contemporain. J’intègre également la section cinéma de François Albera, où je découvre mon “Maître” en la personne du cinéaste hollandais Johan van der Keuken, qui m’influence durant près de 20 ans dans le choix du cinéma documentaire indépendant, avec la réalisation de films en Afrique notamment (au Rwanda et au Mozambique).
Ci contre, une image de mon premier film, étudiant en seconde année: Le récit du parachute (portrait d’une jeune cantatrice japonaise exilée en Suisse), sélectionné au Festival de Soleure.
Grâce à mon professeur de cinéma, je collabore également durant 4 ans au Festival international de films de Locarno, comme journaliste, photographe et co-rédacteur du journal du festival, puis en organisant une sélection de films inédits de Roumanie, à la chute du dictateur Ceaucescu. Cette dernière initiative favorise la réhabilitation officielle du cinéaste roumain Mircea Saucan, banni par le régime, et la sauvegarde de son oeuvre à la cinémathèque de Tel-Aviv.
Ci-contre, série photographique Un jour/Une image, parue dans la revue du Festival de Locarno Pardo news.
Afrique
LE CINEMA DU REEL
Ma vie artistique a été nourrie en profondeur par la pratique du film documentaire ancré dans le réel et par la fréquentation des festivals internationnaux à Paris (Cinéma du réel), Bruxelles, Montbelliard, Soleure ou à Nyon (Visions du réel). Cette influence a persisté dans mon travail photographique, lorsque j’ai abandonné progressivement le cinéma, dans les années 2005-2007, et que l’appareil de photo a pris définitivement le relais de la caméra.
Ci contre, une image du film “Rwanda ’87, Journal d’une recherche”, sélectionné dans plusieurs festivals internationaux..
Sainte-Croix
RETOUR A 1000 METRES
En 2018, à l’approche de l’âge de la retraite, je reviens dans le jura (vaudois), où j’ai l’occasion de m’occuper de la réorganisation des archives de la commune de Sainte-Croix, renouant par la même occasion avec une activité journalistique locale.
Au début 2020, une exposition à Paris, avec des photographies inédites des séries “Nature morte & Nature vive” et “Matière grise”, me permet d’explorer les limites d’une approche documentaire (détails de matières, autonomie et intemporalité de l’image).
CHANGEMENT DE CAP
En 2021, j’obtiens une Bourse de recherche artistique du Canton de Vaud qui me permets de mener à bien l’édition d’un ouvrage intitulé “Du visible à l’invisible – Regard sur une pratique artistique de la photographie”, paru en novembre 2022 aux éditions Infolio (voir NEWS). Initié durant les restrictions des activités artistiques dues au Covid-19, cette période de repli m’a incité à travailler de l’intérieur, plutôt que vers l’extérieur, en revenant sur l’ensemble du travail accompli durant ces dix dernières années de pratique artistique.
Fribourg
NOUVELLE VILLE / NOUVELLE VIE
Changement de décor à l’été 2022: retour en milieu urbain et au pays de mes origines. Une nouvelle installation qui coïncide avec la parution du livre “Du visible à l’invisible”, couronnement de ces dix dernières années de travail et réflexion sur le processus de création, ce qui se situe en amont des images, ou ce qui pourrait en être le(s) fondement(s).
Présentation du livre en mars 2023 sous la forme de la première une résidence artistique de l’Atelier, un nouveau lieu culturel à Fribourg installé dans l’ancien musée Gutenberg (c.f NEWS).
Dans l’élan de la publication de l’ouvrage ci-dessus, création d’une nouvelle série intitulée “Transparences”, où l’image s’éloigne du réel (documentaire, conceptuel, sociologique ou politique) pour continuer l’exploration de l’invisible en associant tout particulièrement image et imaginaire.
Ci-contre “Transparences_01″(voir Portfolio Série 6).